Promotion Canopée ?

Moudenc_Urban Canopée

Le 15 mai, la DM a publié cet article : « Jamais vu d’ombre » : à Saint-Cyprien, la canopée végétale fait débat chez les riverains et peine à verdir six ans après son installation.
Alors que d’autres métropoles comme Nantes ont choisi de les retirer, nous nous sommes penchés sur le coût de cette opération pour la mairie et la métropole de Toulouse.

Résumé

  • Un projet coûteux et peu concluant : L’installation de structures végétales « Urban Canopée » sur la place Jean Diebold a coûté 16 751 € TTC. Cependant, les résultats en termes de végétalisation et d’ombrage sont jugés décevants.
  • Un second site jamais réalisé : Un deuxième prototype prévu pour le groupe scolaire Alexandre Fourtanier, financé à hauteur de 26 028 € TTC par Toulouse Métropole, n’a jamais été installé, soulevant des questions sur l’utilisation des fonds publics.
  • Des critiques persistantes : Malgré la fin de la convention initiale en 2022, la mairie de Toulouse a signé en avril 2024 un nouveau marché de 81 674,50 € pour installer d’autres corolles, suscitant l’incompréhension des riverains et des membres du comité de quartier qui remettent en question l’efficacité de ces structures.
  • Des alternatives proposées : Face à l’inefficacité perçue des corolles, des habitants suggèrent de les remplacer par des arbres en bac, jugés plus efficaces pour lutter contre les îlots de chaleur urbains.
  • Un manque de transparence : Archipel Citoyen dénonce l’absence d’évaluation publique de ces installations et le manque de communication sur les avenants aux conventions, appelant à une gestion plus transparente des projets urbains. En outre, Archipel Citoyen s’interroge sur le coût de ces opérations.

Période 2019-2022

Le Conseil de Métropole du 27.06.2019 a fait voter la délibération n° DEL-19-062 Smart City – Démonstrateur de zones de fraîcheur : approbation de conventions de partenariat avec la Mairie de Toulouse, la Jeune Chambre Economique de Toulouse, l’Institut National Polytechnique de Purpan et la société Urban Canopée. 


Le démonstrateur “Urban Canopée” développé par la société du même nom est porté par un consortium composé de  : Toulouse Métropole, Mairie de Toulouse, Jeune Chambre Économique (JCE), INP-Purpan et Urban Canopée. Le démonstrateur consiste en l’implantation de deux prototypes composés de trois corolles chacun. Ces prototypes seront installés sur 2 sites à Toulouse : Place Jean Diebold (3 corolles)  et au groupe scolaire Alexandre Fourtanier (trois corolles).

Le rôle de la mairie de Toulouse : 

  • Faciliter le bon déroulement du démonstrateur en mettant à disposition du temps homme (1 réunion trimestrielle pour les directions impliquées) pour le suivi de celui-ci.
  • Permettre l’occupation de l’espace public sur la place Jean Diebold à titre gracieux et faciliter les accès pour l’entretien du prototype.
  •  La Direction Espaces Verts participe  à l’entretien des plantes et à l’approvisionnement en eau des Corolles dans la limite de 2 à 3 fois par an.

Le démonstrateur  de la Place Jean Diebold est composé de trois corolles pour un coût global de 16 751€ TTC. Ce prototype a été pris en charge avec l’accompagnement de la JCET dans la recherche de partenaires sponsors de l’opération. Le financement est décomposé de la manière suivante :

  • Campagne ULULE : 11 751€ (dont 10 000€ via ICADE)
  • Participation de GRDF : 5 000€ (convention tripartite entre GRDF / Urban Canopée / JCET)

Le coût du prototype, toujours de 3 corolles,  pour le groupe scolaire Alexandre Fourtanier s’élève à 26 028€ TTC. Toulouse Métropole financera le prototype du groupe scolaire Alexandre Fourtanier dans le cadre d’un démonstrateur Smart City.

La convention prendra effet en juin 2019 jusqu’en juin 2022. Les différents équipements seront rétrocédés gracieusement à la Mairie de Toulouse (Direction Espaces Verts) à la fin du démonstrateur. 


Le démonstrateur de la place Jean Diebold a été inauguré le 29 août 2019.
Le démonstrateur du groupe scolaire  semble n’avoir n’a jamais été installé. 

Juillet 2020 (google maps)

Novembre 2020 (google maps)

Juillet 2022 (google maps)

Au cours de cette période : 

  • Au moins 2700 Litres d’eau auront été dépensés
  • Plus les heures des services des espaces verts

Les plantes n’auront pas évolué en 2 ans et le deuxième démonstrateur n’aura pas été installé (quid des 26 028€ ?)Urban Canopée a modifié la palette végétale en 2021, introduisant des espèces plus adaptées au climat Toulousain et à cette place  sans plus de résultats. 


A partir de juillet 2022, des membres du comité de quartier, ont remis en question l’utilité des corolles, allant jusqu’à demander leur retrait à la fin de la période d’expérimentation. Ils ont proposé leur remplacement par des arbres en bac, jugés plus efficaces pour lutter contre les îlots de chaleur. Bertrand Serp annonce que la convention coure jusqu’en 2024. Pourtant aucun avenant n’est disponible sur le site de la métropole.

Période 2022-2025

N’ayant fait qu’un démonstrateur peu concluant sur les deux initialement prévus et deux ans après la fin de la convention, la mairie de Toulouse persiste  avec cette solution en passant un nouveau marché avec Urban Canopée en avril 2024 pour la somme de 81 674,50 €  ( avis initial) pour l’installation de  deux nouvelles corolles mais de l’autre côté de la place Diebold ainsi que trois nouvelles corolles sur la place Abbal. Cela est intégré au plan fraîcheur 2024

Cet appel d’offre s’est fait au mépris des habitants comme le relate cet article. Il précise également que les 3 corolles initiales auraient été changées gratuitement et le tout financé sur un budget participatif selon le maire de quartier. 

Les dépenses en eaux et en entretien vont donc continuer à augmenter sur cette période

Les 2 nouvelles corolles en juin 2024  (google maps)

Les 3  nouvelles corolles place Abbal (Facebook Urban Canopée)

 
Mai 2023 les anciennes corolles (google maps)

Juin 2024, le anciennes corolles (google maps)

Conclusions

Au bout de 6 ans, force est de constater que pas un mètre carré d’ombre n’a été gagné  pour un investissement de la mairie de près de  plus de 100 000 €  et des coûts d’entretien et d’arrosage non négligeables. La gestion de ce dossier pose plusieurs questions. 

Sur le plan politique :

  • Pourquoi la  mairie s’entête sur une solution qui n’a pas démontré son efficacité dans la lutte contre les îlots de chaleur alors qu’elle n’est plus tenu par une convention à partir de 2022?
  • Pourquoi continue-t-elle même d’investir dans cette solution à partir  de 2024 ? 

Sur le plan démocratique : 

  • Pourquoi la  mairie continue de passer outre l’avis des associations et des riverains réclamant des plantes en pot comme sur la place du Capitole ? 
  • Pourquoi aucun avenant n’est trouvé au-delà de la convention initiale de 2022 ? Aurait-il dû passer au vote ? 
  • Pourquoi une partie de la convention initiale (le démonstrateur dans le groupe scolaire) n’a pas été honorée ? 

Sur le plan financier  : 

  • Pourquoi la  mairie continue d’investir dans ce projet alors qu’elle doit économiser  par ailleurs ? 
  • Comment cela at-il pu être pris sur un budget participatif comme cela est évoqué par le maire de quartier
  • Pourquoi les trois premières corolles coûtent 16 751€, les trois suivantes 26 028€ et les cinq dernières 81 674€ ? On passe ainsi de  5 583/8676€ l’unité en 2019 à 16334€ l’unité en 2024. Est-ce que le changement des anciennes corolles était vraiment gratuit

(Photo de Couverture : Inauguration du 30 août 2019 par Michel Viala pour la DDM)