36 propositions pour répondre à l’urgence climatique et énergétique

Aux toulousains, la longueur de l’été. A Jean-Luc Moudenc, la langueur de l’été.

A la sortie d’un été caniculaire qui a vu Toulouse flirter avec le climat d’Athènes et subir 24 journées au-dessus de 35°C ainsi qu’une sécheresse historique, l’association Archipel Citoyen déplore l’absence de réaction de la mairie sur ces sujets qui engagent notre avenir. Hormis les désormais traditionnels messages téléphoniques préenregistrés de Jean-Luc Moudenc invitant les toulousains à boire de l’eau et l’ouverture plus tardive de quelques parcs et piscines, rien n’a été fait pour préparer Toulouse aux conséquences du réchauffement climatique. Ce n’est pourtant pas faute d’information, notre ville hébergeant le centre national de Météo France et nombre de scientifiques de renom, pour certains impliqués dans la rédaction des rapports du GIEC ou dans l’étude des climats urbains. Sitôt l’été terminé, voilà qu’on annonce à présent un hiver sur lequel pèse le spectre d’une pénurie d’énergie. Là encore, la mairie de Toulouse et ses élus brillent par leur absence. Quand les écoles mal-isolées réclament des ventilateurs pour lutter contre la première canicule de juin, quand d’autres maires signent un arrêté exigeant des magasins qu’ils ferment leurs portes pour éviter les pertes d’énergie des climatisations, quand certaines villes interdisent les écrans publicitaires, Jean-Luc Moudenc attend.

Tous ces évènements étaient malheureusement prévisibles. Le réchauffement climatique est prévu depuis 50 ans par les scientifiques et le déclenchement de la guerre en Ukraine avait, dès février, mis le marché de l’énergie sous haute tension. Qui croit encore que 3 canopées urbaines à Saint Cyprien et quelques lampadaires à détection de présence suffiront à enrayer la catastrophe annoncée ? Pour agir à la mesure du défi écologique et social qui se présente, c’est un changement majeur de nos modes de vie qui doit s’opérer et une réorientation rapide de l’action de la collectivité. 

Les conditions climatiques que nous connaissons aujourd’hui ne sont pas nouvelles, à Toulouse les indicateurs démontrent que le réchauffement est déjà engagé : 

  • Les températures moyennes annuelles ont constamment évolué depuis 1979 en augmentant de +1,5°C en près de 40 ans. 
Evolutions des températures depuis 1979.
  • Les précipitations annuelles ont également constamment baissé
Evolutions des précipitations depuis 1979.
  • Chaque année, depuis 2008, les anomalies de températures sont devenues la norme depuis plus de 10 ans maintenant atteignant parfois +4,4°c par rapport aux normales de saison. 
Anomalies de températures du mois de juin constatées depuis 1979
Anomalies de températures du mois de juillet constatées depuis 1979
Anomalies de températures du mois d’août constatées depuis 1979

Alors que faire face à une situation largement  prévisible et documentée par les scientifiques ? Jean-Luc Moudenc présentera probablement d’ici peu quelques mesures improvisées enrobées dans un emballage pompeux pour masquer la vacuité de son action depuis 8 ans. On peut d’ores et déjà parier sur quelques projets localisés de débitumisation qui viendront compléter les annonces de “cours oasis” et la vidange d’un bassin de nage à des fins d’arrosage. Il vantera sans doute l’efficacité de son “écologie pragmatique”, séance d’auto-satisfaction qui ne passe pourtant pas l’épreuve des faits et de l’analyse. En décembre 2021, le bilan à mi-parcours du Plan Climat a montré que Toulouse était très loin de la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% en 2030, objectif essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. Que s’est-il passé depuis pour corriger cette trajectoire ? Rien ou si peu. La métropole a bien financé des projets d’études des îlots de chaleur urbains (ICU) mais leurs recommandations sur l’adaptation des formes urbaines, les politiques d’aménagement, la végétalisation et les transports sont restées lettres mortes. Le récent quartier de Montaudran en est le triste exemple. Huit ans après sa prise de fonction, il manque toujours à Jean-Luc Moudenc la vision globale et systémique que devrait avoir le maire de la quatrième ville de France. 

Le plan de sobriété proposé par Archipel Citoyen

Las d’attendre une réaction appropriée du maire, Archipel Citoyen propose donc une série de mesures d’urgence pour engager Toulouse sur le chemin de l’adaptation et de la résilience en prenant soin d’indiquer celles nécessitant peu de budget et pouvant être opérationnelles rapidement (💰 / ⏳)  :

Sur l’adaptation au réchauffement climatique :

  • Moratoire sur les abattages d’arbres dans l’espace public et sur les projets immobiliers privés (💰 / ⏳)
  • Moratoire sur tous les nouveaux projets routiers comme en Ille-et-Vilaine (💰 / ⏳)
  • Réduction de l’espace accordé à la voiture par le développement de rues scolaires et de pistes cyclables comme à Paris 
  • Définition d’un plan de débitumisation des trottoirs comme à Caen 
  • Définition d’un plan de végétalisation ambitieux comme à Lyon
  • Définition d’un PLU bioclimatique à l’échelle de la métropole permettant à la ville de réduire son empreinte et d’être plus résiliente comme à Paris. Il doit être décliné pour chaque quartier.
  • Inscription dans le nouveau PLU de l’obligation pour toute nouvelle construction de végétaliser en façade l’équivalent de la surface bâtie comme à Singapour.
  • Nomination d’un “Directeur de l’adaptation de la ville aux canicules” capable de coordonner transversalement les politiques de réduction des îlots de chaleur urbains au sein de la métropole comme à Athènes. (💰 / ⏳)
  • Plantation de micro-forêts dans les “dents creuses” partout dans la ville (💰 / ⏳)
  • Création d’une Académie du Climat, espace de formation, de réflexion et d’expérimentation sur le dérèglement climatique, dans un lieu central, visible et emblématique de Toulouse (par exemple au sein du projet de la prison Saint Michel), à l’image de ce qu’a fait Paris derrière l’Hôtel de Ville (💰 / ⏳)

Sur les économies d’énergie :

  • Arrêté interdisant aux magasins de laisser leurs portes ouvertes en été ou en hiver comme à Besançon (💰 / ⏳)
  • Contrôles des températures dans les magasins et les locaux publics pour vérifier que la climatisation n’est pas activée en dessous de 26°C et le chauffage au dessus de 19°C comme l’exige la loi (💰 / ⏳)
  • Mise en œuvre d’un plan de rénovation climatique et énergétique des bâtiments publics de la métropole, incluant les écoles.
  • Arrêté exigeant l’extinction de toutes les enseignes lumineuses et éclairages de magasins entre 23h et 7h du matin, soit un arrêté plus ambitieux que l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses (💰 / ⏳)
  • Extinction de l’éclairage des bâtiments publics à partir de 22h comme à Lille (💰 / ⏳)
  • Extinction de l’éclairage des rues peu passantes entre 1h et 6h (notamment dans les zones commerciales, artisanales et industrielles) comme à Tournefeuille, Blagnac et Colomiers (💰 / ⏳)
  • Rétablissement des journées sans voitures tous les dimanche comme l’a préconisé dès mars l’Agence Internationale de l’Energie (💰 / ⏳)
  • Réduction de la vitesse à 70km/h sur la rocade et à 30km/h en ville comme à Paris
  • Baisse de la température de piscines de 2°C comme à Nantes (💰 / ⏳)
  • Mise à jour du règlement local de la publicité pour interdire les écran numériques comme Lyon a commencé à le faire dans le métro (💰 / ⏳)
  • Création d’un établissement financier public ayant le rôle de tiers financeur pour permettre le financement de la rénovation énergétique des copropriétés
  • Création d’équipes spécialisées dans la rénovation énergétique et les énergies renouvelables pour démarcher de façon proactive les propriétaires toulousains et les conseiller sur les actions à prendre
  • Développement de la collecte des biodéchets des particuliers à des fins de méthanisation comme à Barcelone et du compostage de proximité

Sur les mobilités propres :

  • Réduction des tarifs des transports en commun comme à Montpellier 
  • Mise en place du stationnement résident sur toute la ville pour l’ensemble des véhicules motorisés, 2 roues compris afin de reprendre de l’espace urbain sur la voiture (💰 / ⏳)
  • Accélération du Réseau Express Vélo pour en livrer 250 kilomètres avant la fin de la mandature, en 2026,  comme à Lyon 
  • Développement du réseau de véhicules en autopartage via le financement des entreprises proposant ce service comme à Strasbourg
  • Mise en place d’un large service de location longue durée de vélos électriques comme en Ile de France
  • Développement d’un réseau RER comme à Bordeaux ou Strasbourg, afin de limiter la circulation dans l’agglomération tout en offrant des solutions de transport efficaces au moment de la mise en place de la ZFE. 

Sur les économies d’eau :

  • Mise en place de la tarification progressive de l’eau comme à Dunkerque 
  • Définition d’un plan de gestion durable des eaux pluviales comme le préconise le ministère de l’Ecologie (💰 / ⏳)
  • Définition d’un plan baignade comprenant l’assainissement des lacs de la métropole et de sites sur les canaux et la Garonne ainsi qu’un plan piscine renforcé.
  • Définition d’un plan d’amélioration du taux de fuite de l’infrastructure de distribution d’Eau de Toulouse

Sur l’alimentation durable :

  • Introduction de 3 menus végétariens dans les cantines chaque semaine (💰 / ⏳)
  • Introduction de poisson issus de labels “pêche durable” et d’alternatives végétariennes quand du poisson est servi, comme à Nantes ou Lyon. (💰 / ⏳)

Sur le pouvoir d’achat :

  • Mise en place de l’encadrement des loyers comme à Paris, Lille, Plaine Commune, Lyon, Villeurbanne, Est Ensemble, Montpellier et Bordeaux (💰 / ⏳)

Les conditions de la réussite

La plupart des ces actions peuvent être engagées immédiatement et ne nécessitent qu’un budget limité. Nombre d’entre elles faisaient déjà partie du programme d’Archipel Citoyen de 2020. Néanmoins, pour assurer leur réussite, il est nécessaire :

  • De combiner les actions locales de court-terme avec la planification sur le temps long à l’échelle de la métropole
  • D’avoir une approche démocratique favorisant la concertation avec les entreprises, les associations, les agents et les habitants pour assurer l’acceptabilité des mesures qui auront un impact sur la vie quotidienne des habitants

Devant les conséquence du réchauffement climatique auxquelles sera confronté chaque toulousain dans les années à venir, Jean-Luc Moudenc doit faire face à ses responsabilités. A l’orée de grands bouleversements, il a le choix de continuer à s’enfermer dans un conservatisme mortifère ou de faire de Toulouse le modèle de la ville sobre et vivante de demain. A lui de se saisir de ces propositions pour les traduire en orientations politiques et budgétaires pour la métropole.

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