À la suite des messages publiés sur X par Jean-Luc Moudenc et par Johnny Dunal au sujet de l’incarcération de Nicolas Sarkozy, Archipel Citoyen exprime sa profonde indignation. Mettre en scène l’ancien président en victime revient à invisibiliser les véritables victimes : celles de l’attentat contre le DC-10 d’UTA, 170 morts dont 54 Français. Leur mémoire et la parole de leurs familles ne peuvent pas être reléguées derrière un storytelling de circonstance.
Le rappel des faits s’impose. Le 25 septembre dernier, un tribunal a condamné Nicolas Sarkozy pour « association de malfaiteurs » en retenant l’existence d’une entente préparatoire qui “portait sur l’agrément d’un financement en provenance d’un État étranger en contrepartie du suivi du dossier pénal d’un homme condamné pour terrorisme”. Formulation visant Abdallah Senoussi, condamné en France pour l’attentat du DC-10 d’UTA.
L’exécution provisoire a été ordonnée ; il a commencé à purger sa peine à la prison de la Santé (Paris). Il conteste la décision et a fait appel — ce à quoi il a pleinement droit, et que nous respectons. Mais contester n’autorise ni l’oubli ni l’inversion morale.
Ce dossier n’est pas une querelle partisane : c’est un enjeu éthique et démocratique. La justice a retenu l’existence d’un concert frauduleuxautour d’un financement occulte lié à la Libye de Kadhafi, et le Parquet national financier a décrit un « pacte de corruption » d’une gravité exceptionnelle. Dans ce contexte, des proches de victimes du terrorisme libyen — notamment celles du DC-10 d’UTA — ont publiquement dénoncé toute tentative de « réhabilitation » du régime responsable de ces crimes. Leur voix doit primer sur les postures.
Notre position est simple :
- Respect de la justice : nul n’est au-dessus des lois de la République. Les décisions rendues s’imposent tant qu’elles ne sont pas infirmées.
- Respect des victimes : 170 vies fauchées dans le désert du Ténéré ne seront jamais une note de bas de page. Les responsables libyens de l’attentat ont été désignés par la justice ; il est indécent d’effacer cette réalité par des messages de complaisance.
- Respect du débat public : on peut défendre la présomption d’innocence en appel sans travestir la hiérarchie morale : la souffrance des familles passe avant l’honneur médiatique des puissants.
Notre demande à M. Moudenc et à M. Dunal : retirez cette rhétorique victimaire, revenez à une parole publique digne des Toulousaines et des Toulousains, et placez les victimes au centre. C’est le minimum que l’on doit à la mémoire des victimes du DC-10 d’UTA.