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Quand est-ce qu’on nous dit tout ?

Ligne C – épisode 2 : une date « fin 2028 » sans preuves, et une information publique au goutte-à-goutte

Nous avons salué l’arrivée de Marguerite de Catellan au puits Saint-Sauveur. Mais un jalon n’est pas un bilan. Après l’euphorie des images, place aux chiffres — et à la transparence qui va avec.

Le 15 octobre, l’exécutif a réaffirmé en conseil métropolitain, l’horizon « fin 2028 ». “Au moment où je vous parle, personne ne m’a dit qu’on ne tiendrait pas 2028.”  précisait même Jean-Michel Lattes, président de Tisséo, à  la radio France Bleu le 16 octobre 2025.

Très bien. Montrez-le. Car les données d’avancement publiées, tunnelier par tunnelier, font naître un doute raisonnable. Pour le plus grand projet de la métropole, ce doute n’appelle pas des éléments de langage, mais des preuves.

Ce que disent les faits… quand ils sont accessibles 

Prenons l’exemple du tunnelier n°3 appelé Berthe de Puybusque.

Le calendrier initial de Tisséo, datant de janvier 2023, et présenté aux habitantes et habitants du quartier 3.1 le 16 mai 2023, prévoyait une fin du percement fin février 2026 :


Le calendrier révisé de Tisséo, datant de mars 2024 et présenté en réunion de quartier 8 le 11 mars 2024, prévoyait une fin du percement, à la station « Raisin », fin juin 2026.

         
A la mi-octobre 2025, le calendrier d’avancement en ligne de Tisséo indique que ce tunnelier n°3, Berthe de Puybusque, a effectué, en près d’une année (début du percement en novembre 2024), 1 kilomètre sur les 4,7 kilomètres qu’il a à percer. La station Fondeyre  a été percée le 29 septembre, selon le dernier planning elle devait être percé le en février 2025. 

Il lui reste donc 3,7 kilomètres à parcourir. S’il avance à la vitesse optimiste de 9 mètres par jour (basée sur la vitesse de percement constatée du Tunnelier Marguerite de Catellan qui vient de finir son creusement)  alors que sa vitesse depuis le début du percement est inférieure à 3 mètres par jour, il lui faudrait encore un an et deux mois pour terminer son percement.

Mais ce tunnelier doit être démonté une fois qu’il sera arrivé à la station « Ponts Jumeaux » pour être remonté à la station « La Vache » lui permettant alors de percer le tunnel entre « La Vache » et « Raisin », sa station finale. Ce temps de démontage et remontage est évalué par Tisséo à 3 mois (cf. calendrier ci-dessus).

Au mieux, et dans des conditions favorables (aucun incident de parcours et une vitesse de croisière à ce stade non atteinte par ce tunnelier), le tunnelier n°3 aura donc fini son travail dans 17 mois soit en mars 2027. Ce tunnelier a donc bien un an de retard sur le planning initial de Tisséo.

Pour les trois derniers métros entrés en opération en France (double extension Ligne 14 du Grand Paris et Ligne B du métro de Rennes), la durée moyenne séparant la fin du percement des tunnels et l’entrée en opération des métros a été supérieure à 3 années, et ce, pour des longueurs de tunnel bien inférieures. Il a fallu par exemple 4 ans et 7 mois pour les 8 km de la ligne B de Rennes, entrée en opération il y a trois ans, entre la fin du percement et l’entrée en fonction de la ligne.

A la lumière de ces éléments, on voit bien qu’une entrée en opération fin 2028, comme maintenue par la majorité,  semble être très optimiste.

Nous invitons Toulouse Métropole et Tisséo à informer les élus de Toulouse Métropole et la population de la nouvelle date prévue d’entrée en opération de cette troisième ligne et à sortir de ce déni absurde et ridicule.

Le vrai sujet : la démocratie en période de  travaux

Nous ne demandons pas d’annoncer une autre date. Nous demandons de documenter celle qui est affichée. Un projet à plus de 3 milliards engage l’argent public, la sécurité des personnels et des riverains, et la vie quotidienne de demain. Ne pas communiquer régulièrement, de façon vérifiable et intelligible, sur l’avancement réel, c’est un problème démocratique.

Nous exprimons également notre grande inquiétude face à ce déni et à une éventuelle volonté de faire avancer le chantier de la Ligne C à rythme forcé, au mépris de la sécurité des personnels, des riverains et des futurs usagers.

« Fin 2028 » : une annonce politique appelle des preuves publiques

Nous ne spéculons pas. Nous constatons : au vu des trajectoires réelles (pannes, cadences, reconfigurations), l’horizon « fin 2028 » n’est pas démontré. À ceux qui l’affirment, nous répondons : publiez les éléments objectifs qui rendent cette date crédibletunnelier par tunnelier, station par station, mois par mois. Tant que ces éléments ne sont pas accessibles et suivis dans le temps, le doute est légitime — et la transparence, indispensable.