Toc, toc ! La démocratie frappe à la porte

Copie de 22 mars 2025

Une méthode reproductible

Ce travail est documenté en sources ouvertes, notamment sur GitHub. Il peut être repris, adapté, répliqué ailleurs. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions ou envie d’en savoir plus. Vous pouvez aussi tout simplementrejoindre le mouvement Archipel Citoyen.

Voir la documentation détaillée
Voir le dépôt github

Du tirage au sort… aux tocs tocs à la porte

Le tirage au sort géolocalisé n’était qu’un début. Une fois nos 15 lieux repérés, tout restait à faire : y aller, frapper aux portes, écouter et discuter. Bref, transformer une carte statistique en rencontres bien réelles. C’est là que l’aventure humaine a vraiment commencé.

Les cercles de quartier d’Archipel aux manettes

Ce processus a été lancé par le collectif Archipel Citoyen, mais il a surtout pris vie grâce à ses 9 cercles de quartier. Chaque cercle s’est emparé des points qui se trouvaient sur son territoire. Et les cercles moins chargés sont venus donner des coups de main aux autres. Une dynamique conviviale, décentralisée et enthousiasmante, à l’image du mouvement lui-même.

Des coordinateurices de talent on mis en mouvement tout ça. Les cercles ont organisé leurs propres séances de préparation, souvent sur place, c’est l’été on en profite, parfois dans un café associatif. Au programme : constituer les équipes ; aller faire des repérages quand on ne connaît pas bien le lieu, initier les militants et sympathisants à l’écoute et au porte-à-porte ; concevoir toute la logistique autour (flyers, tables, etc, etc). Chaque cercle a ainsi pu s’approprier la démarche, tout en gardant un socle commun.

Sur le terrain : plus d’écoute que de discours

Dans les faits, chaque cercle a expérimenté son style. Certains privilégient des passages rapides, d’autres des temps plus longs, d’autres des passages multiples. Mais partout, les constantes sont les mêmes : une méfiance initiale assez systématique… la défiance envers tout ce qui touche au politique est immense. Mais on arrive souvent à la lever quand on explique que justement ce que l’on veut faire ici c’est ne pas recruter « les mêmes que d’habitude ». Des récits du quotidien, très concrets, sur le logement, la mobilité, l’accès aux services, la sécurité. Des relais inattendus, quand un habitant nous dit « Vous devriez aller voir ma voisine là-bas, elle elle a beaucoup à dire ».

Et des conversations déconcertantes : comme cet homme immigré de longue date, qui est loin d’avoir une vie facile, et que l’on rencontre dans un quartier très enclavé où il faut marcher 15 min au bord d’un grand axe routier pour arriver, et qui a presque vue sur le périph. Nous discutons, puis à un moment il nous sort “Mais attendez moi Moudenc je le soutiens”. Quand on lui demande pourquoi : “Ben regardez par exemple la 3e ligne de métro c’est super”. On reste un peu sidéré, on n’ose pas demander en quoi cette 3e ligne, qui passe à l’autre bout de la ville, va améliorer son quotidien et lui fait soutenir ce maire.

Plus que du porte-à-porte, des moments collectifs

Au-delà du porte-à-porte, les cercles ont aussi imaginé d’autres formats, des goûters de bas d’immeuble, parfois improvisés avec des fruits que chacun apportait (parfois beaucoup de fruits), quelques biscuits, un thermos de café, du thé… Il arrivait que des enfants viennent profiter des biscuits (certains en ont bien bien profité), et cela permettait d’initier un échange quand la maman venait les rappeler à l’ordre et leur dire de rentrer.

Globalement, cette organisation décentralisée n’a pas été seulement un travail de conception et de terrain, mais une sorte d’expérimentation organisationnelle par le faire : montrer aussi que la démocratie locale peut se construire localement, par capillarité. Finalement, ce moment n’était pas un simple « porte-à-porte militant ». C’était une manière de tisser une démocratie par en bas, où chaque quartier a son mot à dire.

Et donc il en est ressorti quoi de tout ça ?

Et bien beaucoup de contacts pris, beaucoup de gens qui ne nous recontactent pas, d’autres qui nous disent “En fait finalement je ne vais pas continuer”. Parfois on insiste un peu, parfois on sent que ce n’est pas pertinent. Et quelques-unEs, sans aucun doute trop peu, qui nous disent oui et entrent au Collège Citoyen.  On s’en doutait que ce serait difficile, que l’exercice valait surtout par le fait de le faire. Nous restons convaincus que notre processus était pertinent. Que dans un monde où les gens croiraient encore un peu à la politique pour changer leur vie, où les gens les plus éloignés ne seraient pas tellement étouffés par le quotidien qu’il ne voient pas où ils pourraient trouver le temps de participer à ça, dans ce monde on pourrait arriver à créer un conseil municipal réellement représentatif. Mais il faut se rendre à l’évidence, dans la majorité des cas, l’état actuel de la société ne le permet pas. Ou si vous avez la solution, faites mieux, et surtout : faites le.

Mais pour les personnes qui avaient déjà une volonté de soutenir leur entourage, famille, ami.es, voisin.es et de contribuer aux changements de la ville où elles vivent, la proposition d’Archipel Citoyen arrivait au bon moment et elles se sont pleinement investies dans le processus. 

Un exemple frappant : une des personnes tirées au sort n’avait jamais voté. Mais grâce à la rencontre en porte-à-porte, elle s’est inscrite sur les listes électorales et a décidé de suivre le processus pour devenir élue et participer aux décisions prises pour sa ville. Comme quoi, proposer aux citoyennes et citoyens de pouvoir s’investir concrètement sur les orientations de la ville peut redonner confiance en la politique.

Prochaine étape : le Collège Citoyen

En parallèle de ce tirage au sort, d‘autres éléments nous ont permis de constituer ce collège citoyen, afin de créer une diversité de profils, plus ou moins éloignés de la politique, plus ou moins expérimentés, afin d’avoir un collège au maximum représentatif de la ville et de ce que porte Archipel Citoyen  : 

  • des adhérentEs Archipel Citoyen
  • des sympathisantEs (celleux ayant participé aux soirées COOP de 2024 et 2025)
  • des personnes plébiscitées par nos membres car représentant au quotidien les valeurs de notre mouvement ou très intégrées dans le tissu social/associatif de notre ville

A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est composé de 52 membres dont :

  • 15 adhérentEs d’Archipel Citoyen,
  • 19 sympathisantEs,
  • 16 personnes plébiscitées (par les adhérentEs et les sympathisantEs),
  • 2 personnes tiréEs au sort.

Ce collège est très divers mais il reste à en faire ressortir une équipe plurielle, qui saura représenter et porter haut les valeurs d’Archipel Citoyen. C’est dans ce but qu’ont été organisés plusieurs ateliers lors de l’été et que des sessions de formation et de coaching ont eu lieu durant le mois de septembre. Mois de septembre qui sera ponctué le week-end du 27-28 par une première étape de désignation, pour faire ressortir les 28 candidatEs qui intégreront la liste d’union avec les Écologistes.

Pour cette désignation, une commission a été mise en place, elle aussi mélangeant adhérentEs et sympathisantEs. Un processus reposant sur l’intelligence collective, des entretiens individuels et exercices collectifs a été établi pour mener à bien cette désignation.

Un comité des garantEs s’assurera du bon déroulé et de l’intégrité du processus.

nous avons souhaité un processus qui soit le plus inclusif dès le départ et nous sommes fierEs de compter dans notre Collège Citoyen des membres de la communauté LSF, que nous accompagnons au même titre que les autres candidatEs, en leur permettant de suivre les mêmes contenus, grâce notamment à des interprètes, mais aussi à de la transcription lorsque le contenu le permet.

Et ensuite ?

Après ce week-end de désignation, les membres non désignéEs comme candidatEs pourront décider de leur rôle futur de membre du Collège Citoyen, en lien avec les adhérentEs d’Archipel Citoyen. Cette auto-détermination nous semble particulièrement appropriée ici, et en accord avec les valeurs d’Archipel Citoyen. Ce rôle pourrait se traduire par :

  • Pendant la campagne : faciliter la co-construction du programme avec les habitantEs, participer aux actions citoyennes et de consultation, conseiller les candidatEs, proposer des projets, etc,
  • Après les élections : faire vivre la démocratie localement, évaluer l’action publique et les décisions des éluEs, informer l’opinion publique, etc,
  • Une adhésion à Archipel Citoyen, selon un souhait individuel.

Si tout ceci vous intéresse et que vous avez envie de contribuer à cette nouvelle expérimentation de politique municipale initiée par Archipel Citoyen, n’hésitez pas à nous contacter, à nous faire un don, ou encore mieux à nous rejoindre !