Toulouse, ville DES musiques … chiche ? 

Ça y est, après Metz en 2019, Toulouse vient d’obtenir le (fameux ?) label « Ville créative » par l’Unesco dans la catégorie musique.

Une prix honorifique qui n’apporte aucune subvention mais encourage des politiques multiformes qui engagent les villes, les acteurs publics mais aussi les professionnels et les associations.  Le programme d’activités des villes candidates doit aussi respecter et s’engager à la mise en œuvre des grandes conventions et recommandations de l’Unesco, notamment celle de 2005 sur la diversité des expressions culturelles 

Dans son dossier construit en catimini (sans co-construction avec les acteurs locaux de la musique) , la ville a défendu la diversité des musiques à Toulouse et la convivialité si souvent décrite comme une marque de la douceur de vivre toulousaine, cet art du vivre ensemble. 

Alors, si ce label n’apporte aucun financement, il sera l’occasion, comme cela a été dit lors de sa présentation aux acteurs culturels, de structurer une politique des musiques à Toulouse. 

Chiche ?!

Ce qui est intéressant dans l’intitulé de ce label, c’est son pluriel, DES musiques … 

Certes, Toulouse est riche de musiciennes et  musiciens, tous styles confondus. En revanche, le budget des musiques est très largement orienté vers les musiques classiques et savantes, qui absorbent la très grande majorité du budget : L’opéra national du Capitole, tout nouvel établissement public qui regroupe l’opéra national et l’orchestre  national du Capitole de Toulouse, bénéficie d’une subvention d’équilibre de 26,5 M€ (en hausse de 1,5% en 2023), alors que les subventions aux acteurs culturels, toutes disciplines confondues étaient d’environ 7 M€ en 2020. 

Quelle belle occasion pour enfin rééquilibrer (même un peu, hein, pas grand-chose) ce budget en faveur de toutes les autres musiques : rock, electro, rap, jazz, musiques du monde et traditionnelles, musiques contemporaines… 

Et pourquoi pas, même, soyons audacieux, structurer le réseau : 

  • créer un véritable parcours entre les amateurs et les professionnels (espérons que, plus de 20 ans après la création des Scènes de Musiques Actuelles, la 4e ville de France puisse avoir la sienne et remplir ses missions – nous espérons que le Métronum réussira à avoir ce label SMAC, pour le coup, vraiment attendu par les acteurs des musiques)
  • permettre aux artistes d’avoir des lieux de travail disponibles, 
  • accompagner les lieux de diffusion, publics comme privés, pour que les artistes puissent se produire sur scène, 
  • passer des maigres aides à la création à des aides à la structuration ou au fonctionnement, afin que les structures puissent se projeter au-delà d’une année … 

Bon, c’est un peu difficile de croire en un tel scénario, tant la ville nous a montré à quel point elle s’employait à mener la vie dure aux structures musicales : 

  • disparition de lieux emblématiques de création et de diffusion  (La Mounède, Mix Art Myrys..), 
  • baisse constante des budgets des associations et des centres culturels municipaux,  
  • mise en place d’un appel à projet sur les événements de musique electro (open air), provoquant une levée de bouclier des acteurs via une lettre au maire, co-signée par les principales organisations professionnelles (représentant près de 1000 acteurs des musiques actuelles, musiques du monde et musique électro en France).

Et puis cette convivencia, portée en étendard … 

De quoi parle-t-on ? 

De la toute fraîche Charte de l’événementiel qui complique tant la vie des associations dans l’organisation de leurs événements (pour rappel, de nombreux outils permettant l’organisation d’événements sur l’espace public, auparavant prêtés par la mairie, deviennent payants) ?

Du tout nouveau Festival de Toulouse prenant place en juillet, financé d’un coup d’un seul à plusieurs centaines de milliers d’euros, dont les tarifs des places sont en moyenne de 30€ pour chaque concert, dans des salles climatisées dispersées dans toute la ville ? 

La convivencia dans l’entre soi ? 

Mais, soyons positifs … 

Ces prochaines semaines, nous entendrons partout la ville se féliciter de cette reconnaissance, à grand coup de communication… Soyons bien attentifs aux déclar(m)ations et aux nobles intentions, prenons-les au sérieux et exigeons une vraie politique DES musiques à Toulouse, un véritable New Deal toulousain, co construit et exigeant, pour une musique de tous et toutes et pour tous et toutes …

Oups…petite mise à jour de dernière minute. On apprend par là presse que M. Moudenc “rêve “ toujours de son auditorium . Un projet extrêmement coûteux prévu initialement sous la prison St Michel. Un outil pour l’Orchestre du capitole … c’est mal parti pour le New deal..

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